30 novembre 2021 • Open Economy par Marketing Skaleet

Comment les marques deviendront les banques de demain ?📱

Alors que les faibles taux d’intérêt ont réduit les marges et que la DSP2/Open Banking a forcé les banques à ouvrir leurs systèmes d’information, les institutions financières traversent une période difficile. Pourtant, ces facteurs externes ne sont pas le principal moteur de leur déclin. Ne devraient-elles pas plutôt repenser leur business model ?  Et si les prochains comptes bancaires que vous ouvriez, ou la prochaine carte de crédit que vous utilisez, ne venaient pas d’une banque mais plutôt de votre marque préférée ? Intéressons-nous à l’évolution qui sous-tend ce changement de paradigme dans les services financiers. 

Les services financiers en agence bancaire 

Tout le monde a besoin de services financiers dans sa vie quotidienne. Par le passé, ces services étaient seulement accessibles au sein des agences bancaires. Nous parlons là de la banque sous sa forme la plus originale. Pour pouvoir accéder à votre solde, comprendre vos dépenses ou réaliser les transactions les plus simples, vous deviez remplir la “paperasse” à n’en plus finir... 

En outre, les options étaient limitées et les barrières à l’entrée du marché empêchaient toute concurrence sérieuse. Pendant plusieurs décennies, les banques ont dicté leurs propres parcours clients et leurs propres processus, sans chercher à comprendre les réelles attentes de leur clientèle.

Malheureusement, de nombreuses banques historiques s’appuient encore sur ce modèle et sur des processus analogiques, alors que le secteur bancaire s’est globalement digitalisé, afin de réduire les frictions et de permettre une meilleure utilisation des services financiers.

Les challengers : l'ouverture du secteur bancaire à la concurrence

L’adoption massive des smartphones et la montée en puissance de l’e-commerce ont révolutionné le secteur. Les premières banques digitales, comme ING ou Fortuneo, ont également fait leur apparition. En précurseurs, ces banques mobiles étaient la première génération d’acteurs financiers à adopter une approche “customer centric”, offrant une facilité accrue/incomparable pour réaliser les transactions et accéder aux informations sur les dépenses.

Une deuxième vague d’acteurs indépendants tels que Revolut, Starling Bank et N26 a émergé, proposant une expérience utilisateur intuitive avec un UX design révolutionnaire. Et ce, tout en rendant les opérations bancaires pratiques et attrayantes pour des millions de clients à travers le monde. Le coût d’acquisition de ces challengers est nettement inférieur à celui des banques traditionnelles car ils se sont dispensés d’un réseau de distribution physique et s’appuient sur de nouveaux stacks technologiques dans le cloud. Ces nouveaux acteurs connaissent une croissance explosive en Europe, réalisent des levées de fonds records et atteignent des valorisations dépassant celles des banques historiques. 

De cette renaissance bancaire sont nées de nouvelles néo-banques qui ciblent des niches spécifiques (la banque verticale) et ont construit des écosystèmes de produits financiers et non financiers à valeur ajoutée, autour d’un compte bancaire digital. Nous retrouvons les exemples marquants des spécialistes comme Qonto pour les petites et moyennes entreprises (PME), Vybe pour les jeunes, des néo-banques durables comme Tomorrow ou encore pour les communautés comme Rewire et Daylight

Ce changement a été permis non seulement grâce aux avancées technologiques mais aussi à la réglementation bancaire, notamment l’avènement de l’Open Banking par la Directive sur les Services de Paiement (DSP2). On a alors vu émerger de nouvelles fintechs comme Tink, Fintecture ou encore iDeal. Des acteurs capables de récupérer les informations de paiement sur les comptes bancaires et d’initier des paiements à partir de ces comptes, ou encore d’utiliser la donnée transactionnelle pour l’enrichir de nouvelles fonctionnalités comme le PFM (Personetics) et le cashback (Paylead). 

Des services financiers intégrés dans la vie quotidienne 📱

L’embedded finance (la finance intégrée) pousse le concept d’Open Banking plus loin. L’idée consiste à faire abstraction des fonctionnalités bancaires et d’assurance dans la technologie pour permettre à toute marque ou tout marchand d'intégrer des services financiers innovants dans ses offres et expériences clients, et ce rapidement et à faible coût. La grande force de ces services financiers est d’être disponibles au moment et à l’endroit où ils sont nécessaires. 

Par le passé, lorsqu’un individu avait besoin d’emprunter de l’argent, il devait demander un prêt à sa banque ou posséder une carte de crédit. Désormais, l’embedded finance permet à quiconque de demander et d’obtenir un prêt au moment même de l’achat. Le cas d’usage est celui du Buy Now Pay Later (BNPL), proposé par Klarna ou Afterpay, qui permet à l’utilisateur de fractionner un achat en plusieurs paiements. Un règlement de 100€, par exemple, se transforme ainsi en 4 versements de 25€. 

Embedded Finance : les GAFA ont ouvert la voie

Alors que les GAFA ont commencé à intégrer des services financiers dans leur écosystème de produits et d’expérience client, ce sont les Big Tech Uber et Shopify qui sont les pionniers de la tendance de l’embedded finance. Ces acteurs technologiques ont enrichi leurs produits de services financiers tels que des comptes bancaires, des cartes de paiement et des services de prêt. Grâce à leur importante base d’utilisateurs et à un fort taux d’engagement, ils ont bénéficié d’une augmentation de la fidélité client, d’un plus grand nombre de points de contact et de revenus supplémentaires. De plus, les données transactionnelles ont enrichi les données qu’ils possédaient déjà sur leurs clients. Ils sont donc désormais en mesure de proposer à leurs clients des solutions financières sur mesure, adaptées à leurs modes de vie. 

Et ce phénomène va bien au-delà des Big Techs, aujourd’hui toute marque a les moyens de renforcer son écosystème en intégrant des services financiers à son offre. C’est le cas de marques de premier plan comme Tesla, Starbucks, IKEA, Walmart ou encore Lufthansa, avec lesquelles les clients ont souvent de forts liens affectifs. Dans les services financiers, la confiance est clé. Si ces acteurs commencent à offrir des comptes bancaires et des services de paiement à part entière, avec de nouvelles fonctionnalités comme le cashback et le BNPL sur les achats, ils se créeront une multitude de nouvelles opportunités d'interaction avec les utilisateurs et d’amélioration de l’expérience client.

Plus qu'un simple "nice-to-have", c'est une opportunité de taille ! 🚀

Selon une étude de Matt Harris de Bain Capital Ventures, le marché de l’embedded finance pourrait atteindre les 3 600 milliards de dollars au cours des dix prochaines années, rien qu’aux États-Unis ! À mesure que les consommateurs deviennent conditionnés par la commodité des services à la demande et centrés sur le client que fournissent Google, Amazon et les autres Big Techs… leurs attentes envers les services financiers augmenteront. Alors que les banques ont déjà perdu des parts de capitalisation boursière, à un rythme soutenu, durant les dix dernières années, les fintechs innovantes et les champions du paiement ont commencé à ronger le cœur de métier des opérateurs historiques. Avec l’augmentation du nombre d’acteurs non financiers prenant ce même parti, cette tendance ne fera que s'accélérer.  

Et pour cause ! Les marques tireront de grands avantages de l’intégration de services financiers dans leurs produits. Ce qui est moins évident, c’est la façon dont elles peuvent y parvenir. Les marques désireuses de percer dans les services financiers se voient donc confrontées à deux options: 

1- Devenir une institution financière réglementée

Ce projet, qui peut paraître simple à première vue, est pourtant assez complexe et gourmand en ressources. Il faut surmonter plusieurs obstacles pour construire et exploiter les produits d’une institution financière. En Europe, les entreprises offrant des services financiers, tels que des dépôts, des services de paiement ou encore des prêts, sont soumises à des exigences liées leur licence : réglementation sur la lutte contre le blanchiment d’argent, des exigences de fonds propres, des audits réguliers, sans oublier les obligations de rapports auprès de la banque centrale et de l'autorité de surveillance. 

Devenir une institution financière est également un défi technologique. Pour intégrer une offre bancaire compétitive dans votre produit, votre infrastructure technologique doit être de dernière génération, évolutive et digitalement intégrée dans le cœur de métier. Construire et maintenir un registre des paiements à la fois résilient et conforme nécessite des niveaux élevés d’investissement et de connaissances internes. 

C’est là que les Core Banking Platforms (CBP) entrent en jeu. Ces fournisseurs technologiques proposent une plateforme bancaire et open APIsé pour construire l'infrastructure de la future institution financière des acteurs non bancaires (acteurs du e-commerce ou tout autre marque). Comme son nom l’indique, l’architecture modulaire et évolutive donne accès à des modules bancaires, tels que les comptes courants, des services de paiement et de prêt, tout en permettant aux marques de les intégrer dans leur écosystème de produits et leur expérience utilisateur. 

Pour les marques, devenir un acteur régulé est une étape importante qui leur permet de gagner :

  • en indépendance, en se défaisant de l'obligation de travailler avec un partenaire agréé, 
  • en agilité, en gagnant en vitesse d'exécution, 
  • en crédibilité, en rassurant les clients, 
  • et en profitabilité, en ouvrant leur champ d'activité sans avoir à verser de commission à leur partenaire régulé.

De cette façon, elles seront certes en charge de tous les processus réglementaires, mais elles pourront développer plus facilement de nouveaux produits financiers adaptés aux attentes des clients, acquérir une plus grande autonomie pour nouer des partenariats stratégiques (partenaires produits et technologiques) et augmenter leurs revenus par client.  

Grâce à un back-office autonome, cette approche de plateforme offre une grande réactivité. Elle permet une amélioration significative de l’expérience client et l'instantanéité devient un avantage concurrentiel pour créer des expériences utilisateurs de premier ordre. Skaleet est en mesure de vous accompagner via une approche de plateformisation vous permettant de créer des écosystèmes efficaces capables d’assurer avec fluidité les interactions entre services financiers et acteurs de la tech. Véritable orchestrateur de modules de services financiers, notre solution vous permettra de choisir les meilleurs partenaires, experts de leurs solutions (des services de paiement, de crédit et de BNPL, d’assurance, de cashback, …), pour proposer des expériences clients complètes et de plus en plus personnalisées. 

2- S'associer à une institution financière réglementée (BaaS)

Cette option permet de contourner le surcoût réglementaire, mais pas nécessairement le surcoût technologique. Un opérateur historique devrait pouvoir offrir les interfaces pour permettre aux marques de se connecter à son infrastructure bancaire, mais malheureusement ces acteurs traditionnels s’appuient sur une technologie héritée qui n’a pas été conçue pour offrir la flexibilité nécessaire, ni même l’étendue des fonctionnalités ou une tarification attractive pour créer une proposition compétitive. De plus, les banques ne souhaitent pas permettre à de nouveaux entrants d’utiliser leur infrastructure pour cannibaliser leurs parts de marché.  

C’est là que les plateformes de Banking-as-a-Service (BaaS) entrent en jeu. Ces fournisseurs technologiques basés sur des APIs permettent à leurs partenaires non bancaires (e-commerce ou encore des marques) de choisir les composants bancaires dont ils ont besoin, tels que les comptes courants, les services de paiement ou de prêt, et de les intégrer directement dans leurs applications. 

Le fournisseur BaaS effectue tous les processus réglementés en arrière-plan, y compris le traitement des paiements (à savoir la surveillance de la lutte contre le blanchiment d’argent (AML), la gestion de compte, les montages de prêt, le reporting réglementaire...), pendant que la relation client reste entièrement à la main des marques. De cette façon, elles peuvent proposer des produits bancaires digitaux dans leur propre user experience et déléguer le risque de conformité, les exigences de capital et les frais généraux techniques au fournisseur Banking-as-a-Service (BaaS). 

Cette approche basée sur des APIs offre une alternative beaucoup plus rapide et rentable aux acteurs non financiers qui souhaitent créer des expériences financières de premier ordre dans de nouveaux contextes, sans risquer que le partenaire bancaire ne s’attire leur clientèle. Skaleet propose une plateforme BaaS avec un partenaire détenant la licence pour vous permettre d’exploiter toute notre gamme de services financiers. 

Conclusion

Il devrait être évident que toute entreprise qui souhaite investir dans la fidélisation et l’expérience client doit se concentrer sur l’intégration de services financiers. La question n’est pas si, mais quand les marques le feront. Nous ne sommes qu’au début du parcours de l’embedded finance, mais le temps presse pour les grandes marques si elles veulent avoir un avantage sur leurs concurrents. Les banques historiques non plus ne peuvent ignorer cette menace. Quelle que soit la manière dont les banques choisiront de se positionner, une chose est sûre : avec un BaaS, toute entreprise peut devenir une fintech, et Skaleet peut l’accompagner dans cette transformation

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